Apprendre à se reconnecter à la forêt et prendre conscience des interdépendances qui nous lient à elle

Vue des houpiers d'une des forêts de Crest-Voland depuis le sol
S’enforester dans les forêts de Crest-Voland Cohennoz

S’enforester est bien plus qu’une simple promenade dans les bois ! C’est une manière de se reconnecter à la forêt afin d’y retrouver nos racines et de prendre conscience de l’importance qu’elle a dans nos vies. On partage avec vous cette idée brillante que nous avons adoptée du philosophe-chercheur Baptiste Morizot. Et si nous parions ensemble que vous ne regarderez plus la forêt de la même manière après avoir tenté l’expérience ?

Mais alors, qu’est-ce que cela signifie exactement, s’enforester ?

Ce n’est pas une faute de français, mais un mot ancien remis au goût du jour pour devenir une pratique et un concept. S’enforester est donc un verbe pronominal, qui exprime à la fois un état et une action – c’est là l’essence même de la démarche ! Il nous invite au grand air, au milieu des arbres et des chemins forestiers. À l’origine, il était utilisé au 17ème siècle pour désigner les pratiques des coureurs de bois québécois qui partaient plusieurs mois en quête de chasse dans les forêts canadiennes les plus reculées… Un terme évocateur qui laisse libre cours à l’imagination !


Dans son livre « S’enforester », Baptiste Morizot, « philosophe du vivant », accompagné par la photographe Andrea Olga Mantovani, propose de donner à ce verbe une signification renouvelée, invitant à porter la forêt dans le champ de notre attention individuelle et collective. Il nous invite à réapprendre à la voir pour mieux la comprendre, à nous rappeler ses mythes fondateurs et à prendre conscience du lien primordial qu’elle tisse avec nous. Pour nous qui vivons à l’orée de la forêt des Reys à Crest-Voland, l’idée est saisissante. Elle nous a tout de suite parlé.

le livre, s'enforester, de Baptiste Morisot et Andrea olga Manovani, posé sur une souche d'arbre

(Ré)Apprendre à voir la forêt

Parfois, il est nécessaire de changer notre façon de regarder les choses pour découvrir une réalité plus profonde. Mais c’est plus que cela. (Ré)Apprendre à voir la forêt comme une partie intégrante de notre identité et de notre histoire est pour lui essentiel. En se documentant, en observant plus attentivement, en écoutant, en sentant et en ressentant, nous pouvons mieux comprendre les liens ancestraux qui nous unissent à elle depuis des millénaires. A travers son récit, et en partant de la dernière forêt primaire d’Europe à Bialowieza pour revenir jusqu’à l’arbre qui pousse devant notre maison, Baptiste Morizot nous remet en mémoire que notre main est sylvestre. Le pouce « opposable », qui nous caractérise et que nous partageons avec les primates et les lémuriens, est un héritage de la vie arboricole de nos ancêtres. L’empreinte de la forêt serait donc ancrée dans notre corps ? Qui s’en rappelle ?

« Il est fascinant de constater à quel point une simple promenade dans les bois peut emmener vers de nouveaux horizons, si nous prenons le temps de nous plonger vraiment dans l’environnement qui nous entoure ».

En somme, la forêt est toujours plus complexe et fascinante que nous ne l’avions imaginée, et il suffit parfois de la reconsidérer avec un œil neuf pour qu’elle dévoile les interdépendances qui nous lient à elle.

Dans une forêt, on voit au premier plan un tronc d'arbre couché, sur lequel ont poussé des champignons

Et si Crest-Voland était l’endroit idéal pour s’enforester ?

Notre gîte, le Chalet de la forêt des Reys, est situé à l’orée de la forêt, ce qui rend l’accès aux balades et randonnées ultra-pratique ! Que l’on ait envie de rester près de la forêt qui nous entoure, partir quelques heures ou carrément pour la journée, il y a plein d’options possible. On peut également s’enforester depuis le village de Crest-Voland en empruntant le chemin du Bostu puis celui des Alberges, ou se diriger vers le Cernix, à Cohennoz, pour prendre le chemin de la Palette. A ce propos, faisons juste un aparté, pour vous situer notre contexte local. Crest-Voland et Cohennoz forment un duo de communes inséparables, unies, notamment, par les forêts qui créent un véritable continuum vert dans le Val d’Arly.
Quelle que soit la direction choisie, que ce soit vers Notre-Dame-de-Bellecombe, Queige, Flumet, La Giettaz ou Praz-sur-Arly, un vaste réseau de sentiers, connectés entre eux, invite à explorer les trésors forestiers de ce territoire de Savoie. Partir d’ici nous semble parfait pour tenter l’aventure…

Randonneuse d'automne vue dos se baladant dans la réserve naturelle de Crest-Voland
Deux enfants, vus de dos, sur un chemin, avec des sacs à dos en forêt

S’enforester : comment se lancer ?

D’abord, il faut décider de partir marcher en forêt. Cela pourrait presque ressembler à une simple randonnée, mais en réalité, c’est différent. Vous devez oublier la performance, le nombre de pas ou les kilomètres parcourus. Au contraire, on ralentit la cadence et on se met en mode escargot. Retrouver notre curiosité d’enfant et se poser une foule de questions sont les clefs du processus. Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi c’est là ? À qui ça sert ? C’est quoi cette odeur ? Et cet arbre ? Qui a laissé ça ? Qui habite là ? Et ainsi de suite… C’est comme un jeu avec une série d’énigmes, une question en entraînant une autre. Étonnamment, en changeant la qualité de notre attention, on ressent plus intensément, à chaque fois, notre connexion avec le vivant qui nous entoure.

En passant au peigne fin les arbres, plantes, mousses, traces d’animaux, houpiers et ruines de pierre disséminées ici et là, on arrive à saisir plus intuitivement nos liens réciproques avec cette forêt et ses habitants. On se réjouit de chaque découverte, aussi infime soit-elle. Inévitablement, notre imaginaire s’active. De chemins en sentiers, on perçoit les différentes facettes de la forêt et les traces de ses habitants – humains et non-humains. Son avenir possible commence à nous interpeller.

Cette forêt, présente depuis 11 000 ans, qui s’étendait, sous nos pas de l’Atlantique à l’Oural, se tient là, devant nos yeux. Comme le dit Baptiste Morizot, il suffit de la « laisser emménager en nous ».


En fin de compte, on réalise que c’est nous peut-être qui avons été transformés par cette expérience, et que la forêt nous apporte bien plus que nous ne l’aurions cru. Et rien que pour ça, cela vaut vraiment le coup d’essayer !

Un immense merci à Baptiste Morizot et Andréa Olga Montovani pour ce livre essentiel. Vous avez, désormais, vous aussi, toute notre attention.

Bien sûr, on vous recommande le lumineux livre de Baptiste Morizot et Andrea Olga Mantovani : S’enforester (éditions d’une rive à l’autre)

Si vous voulez écouter le podcast « S’enforester avec Baptiste Morizot », c’est ici, sur Auvergne Rhône Alpes Tourisme !

Si vous voulez vous enforester à Crest-Voland contactez-nous (contact@chaletdelaforetdesreys.fr)