Au cœur du Val d’Arly, le Chalet de la Forêt des Reys offre un refuge chaleureux à l’orée des forêts de moyenne montagne. C’est ici, dans le salon douillet du gîte, baigné par la vue apaisante sur les épicéas qui nous entourent, que s’est dessiné le cadre parfait pour parler de nos forêts publiques avec Marion Laffin, ingénieure passionnée de l’Office National des Forêts. Depuis deux ans, nos chemins se croisent dans diverses instances en Savoie, tissant ainsi le fil d’une discussion continue sur ce patrimoine naturel de notre territoire. Dans une période où la gestion des forêts en France fait l’objet de débats animés, il nous a semblé intéressant de l’interroger plus précisément pour recueillir grâce à son vécu quotidien, une vraie voix de terrain.
Alors, pourquoi Marion, précisément ? Parce qu’elle chapeaute la gestion des forêts publiques s’étendant du Beaufortain au Val d’Arly, touchant les environs d’Albertville et s’étirant jusqu’à Tamié. Avec son équipe, elle veille sur plus de 12 000 hectares de terres boisées au nom de l’Office National des Forêts, dont presque 4000 hectares rien que pour le Val d’Arly. Qui d’autre que Marion, avec son expertise et son expérience, pourrait mieux nous éclairer sur l’histoire, les défis et les avenirs possibles de ces sentinelles de nos montagnes ?
Sous le couvert de l’une des plus anciennes institutions forestières françaises, l’ONF, notre réflexion prend forme autour d’une question : et si les forêts devenaient plus que de simples toiles de fond pour être des protagonistes de premier plan dans le récit d’une montagne qui se réinvente ?
Au fil de notre entretien, un voyage se dessine. Entre racines, cimes et horizon, Marion nous guide à travers une vision des forêts non plus seulement comme un décor ou une ressource, mais comme un véritable trésor vivant, essentiel à la dynamique et à la préservation de nos moyennes montagnes.
Les forêts publiques du Val d’Arly sont imprégnées d’une histoire riche. Comment ont-elles évolué depuis l’époque où l’économiste Polanyi les a analysées comme étant « un filet de sécurité » pour les plus démunis ?
Marion Laffin : Nos forêts publiques étaient autrefois considérées comme des « communs », accessibles à tous et offrant une sécurité pour ceux qui avaient peu. Le XIXème siècle a marqué un tournant en France pour la gouvernance forestière, aboutissant à l’instauration du régime forestier en 1827. Les forêts sont alors devenues « communales », entrant sous la tutelle de l’État par le biais de l’institution des Eaux et Forêts, l’ancêtre de l’Office National des Forêts. Dans le Val d’Arly, les forêts publiques sont passé sous ce régime entre 1860 et 1870 quand la Savoie est redevenue française. Libérées des intérêts individuels, elles ont alors été soumises à une administration collective. Cette transition a marqué le commencement d’un héritage de biens communs, caractérisé par une gestion concertée entre l’État et les municipalités, qui témoigne de plus de 150 ans d’expertise et de sagesse.
Est-ce que les forêts publiques du Val d’Arly bénéficient de statuts de protection ?
M.L. : Dans le Val d’Arly, parmi les forêts publiques qui s’étendent sur 3928 hectares, une surface de 880 hectares, incluant des îlots de sénescence, est actuellement préservée de toute exploitation forestière pour au moins vingt ans. Ce choix de gestion s’ajoute à un cadre de protection plus large, comprenant divers statuts comme les Réserves Naturelles Régionales (RNR), les zones Natura 2000 (N2000), et les Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope (APPB), couvrant au total plus de 666 hectares. En somme, environ 1500 hectares des forêts du Val d’Arly ne sont pas exploités, soit en raison de leur statut protégé, soit à la suite d’une décision de gestion visant à préserver ces espaces naturels.
Une étendue significative, soit 292 hectares d’espaces forestiers, est maintenant protégée en tant que réserve naturelle dans le cadre du réseau Natura 2000 depuis 2013. Et notre fierté locale, c’est que ces terres boisées du Val d’Arly contribuent à 80% de la plus grande Tourbière d’Europe et des Alpes, s’étendant au-delà de nos frontières, partagée avec le Beaufortain. C’est un lien naturel, presque intime, qui unit nos territoires grâce à cette richesse écologique. Gérer ces espaces, c’est embrasser un héritage majeur avec un regard tourné vers demain. C’est certes un défi, mais aussi une immense responsabilité, surtout quand on réfléchit au fait que, selon l’ONU, les bassins versants forestiers et les zones humides comme notre tourbière fournissent 75% de l’eau douce accessible dans le monde. Ces tourbières sont également des écosystèmes remarquables pour la séquestration du carbone, stockant une quantité significative de ce dernier sur de longues périodes. En France, le volume de carbone conservé par ces milieux a régressé de 150 mégatonnes en 1990 à 137 mégatonnes en 2008, soulignant l’urgence de les protéger contre les dégradations humaines et climatiques qui menacent leur fonction de stockage.
Pour quelles raisons, à la fin du 19ème siècle, a-t-on observé un déclin des forêts dans certaines régions de montagne ?
M.L. : Avant les initiatives de reforestation mise en place par l‘État, la disparition des forêts de montagne en France était principalement due à l’activité humaine. Sur une période étendue, les pratiques agricoles intensives, le surpâturage, l’exploitation forestière pour le bois de chauffage et de construction, ainsi que l’expansion urbaine et industrielle ont mis à mal le boisement des terres montagneuses. Ces activités ont engendré une déforestation notable, avec, pour conséquences graves, l’instabilité des sols et des perturbations dans la régulation des eaux, provoquant érosion et inondations torrentielles.
Ce phénomène n’a pas été propre à la France ; il s’est manifesté dans de nombreuses régions montagneuses en Europe et à travers le monde. Confrontée à ces défis, la France a lancé des lois de reboisement dès 1860, ouvrant le chapitre de la restauration et de la conservation des terrains en montagne. Ces législations avaient pour but de réhabiliter les écosystèmes forestiers, vitaux pour contrer l’érosion, gérer les cycles de l’eau et se prémunir contre les désastres naturels.
Les actions de reforestation de cette époque se sont révélées fondamentales pour réimplanter les forêts, là où, deux siècles auparavant, prévalaient des terres dégradées. Actuellement, les forêts RTM (Restauration des terrains de montagne) sont gérées en anticipation des changements climatiques, préservant leur rôle essentiel dans la protection de l’environnement et la prévention des risques naturels.
Dans notre région, la forêt domaniale R.T.M. L’Arly, entre Cohennoz et Ugine, illustre bien cette évolution. Dès 1890, des actions étaient impératives pour créer des seuils de correction torrentielle. Dans les années 60, grâce à la replantation d’essences locales, adaptées au territoire, nous avons stabilisé les sols et revitalisé un écosystème sur 47 ha. Cela démontre la portée des efforts de nos prédécesseurs qui continuent de protéger nos communautés et d’enrichir la biodiversité.
Quelles sont les singularités des forêts de moyenne montagne comme celle du Val d’Arly ?
M.L. : Les forêts de montagne jouent avant tout un rôle de protection. Par leur présence, elles constituent un rempart naturel essentiel. Avec leurs racines profondément ancrées, les arbres stabilisent le sol en pente, réduisant l’érosion et agissant comme des filtres naturels pour l’eau. Ce n’est pas tout : au-delà de leur beauté sereine, elles jouent un rôle crucial dans la protection contre les éboulements et les avalanches. Les résineux, notamment, maintiennent le manteau neigeux, empêchant ainsi les avalanches potentielles de se déclencher.
L’ONF ne mise pas uniquement sur la capacité naturelle des forêts pour ce rôle. Des interventions sylvicoles spécifiques et des constructions telles que barrages et digues viennent renforcer leur capacité protectrice, comme dans la forêt de l’Arly.
En montagne, ces forêts sont plus que des toiles vivantes de biodiversité ; elles sont des combinaisons d’ingénierie naturelle et humaine, veillant sur la vie en dessous. Les équipes de l’ONF, grâce à leur sylviculture, sont les artisans de cette protection, pour que les générations futures profitent des forêts et des montagnes, pour leur beauté et leur rôle de garde-fou naturel.
La topographie accidentée des forêts de montagne du Val d’Arly complexifie leur gestion. Les pentes raides restreignent les interventions forestières, qui sont de surcroît contraintes à une saison d’activité réduite à 7 ou 8 mois par an, en raison de l’enneigement hivernal. Cette situation entraîne l’inaccessibilité d’environ 20% des forêts qui conservent ainsi leur caractère sauvage.
Ces forêts, en façonnant les reliefs, contribuent à l’identité des paysages de la moyenne montagne, et une sylviculture durable est primordiale pour maintenir la richesse des écosystèmes. Elles sont également un refuge crucial pour une faune variée, jouant le rôle de corridors écologiques indispensables pour la survie et la migration des animaux sauvages.
Le tourisme, en hiver comme en été, joue aussi un rôle majeur dans les forêts au cœur d’un domaine skiable tel que l’Espace Diamant. Ces espaces naturels attirent des passionnés pratiquant des activités variées — raquettes, ski de fond, randonnée, ou trail —, démontrant que la montagne vit au rythme des saisons et des activités humaines. Il est encourageant de constater que 95% des usagers restent sur les sentiers établis, contribuant ainsi à la préservation de la biodiversité essentielle à la richesse de ce patrimoine forestier.
Ces forêts du Val d’Arly, avec leur tourbière, illustrent la multifonctionnalité qui caractérise les écosystèmes de moyenne montagne. Elles sont simultanément des réservoirs de biodiversité, des agents de régulation climatique, des aires d’accueil pour divers publics, et des lieux d’une exploitation forestière responsable. Notre mission à l’ONF est d’œuvrer pour une harmonie de tous ces aspects, en vue d’assurer un avenir durable.
Dans le contexte actuel du changement climatique, peux-tu nous décrire l’impact observé sur les forêts du Val d’Arly ?
M.L. : Le réchauffement climatique laisse des empreintes visibles dans nos forêts, un phénomène qui, bien qu’il ait longtemps échappé à l’attention médiatique, se révèle être un réel défi pour la résilience de ces écosystèmes. L’augmentation des températures et les précipitations variables engendrent des sécheresses plus marquées, compromettant la croissance et le renouvellement des arbres. Ces stress hydriques, particulièrement sévères lors des étés et automnes arides, ont favorisé une prolifération notable du scolyte. Cet insecte nuisible, présent depuis longtemps, profite désormais des hivers cléments et des étés prolongés pour proliférer et décimer les épicéas, aggravant la vulnérabilité de nos forêts aux maladies.
Cette situation n’est pas qu’une abstraction lointaine ; elle prend une forme concrète et préoccupante, rappelant les ravages déjà subis par les forêts voisines du Beaufortain, depuis quelques années. Il est malheureusement probable que les forêts du Val d’Arly, jusque-là relativement préservées, connaissent un destin similaire et se voient transformées dans un avenir proche. Un tel changement pourrait entraîner une réduction de la diversité des espèces endémiques, essentielle à notre équilibre écologique. C’est pour cela qu’il est impératif d’être plus vigilant que jamais et d’adopter des pratiques durables.
Quelles sont les implications pour la gestion forestière et l’économie locale ?
M. L. : Face aux défis posés par le changement climatique, notre gestion forestière évolue. Désormais, chaque décision de coupe résulte d’une réflexion approfondie, intégrée dans une stratégie qui privilégie la régénération et la diversification de nos forêts. Nous sommes guidés par des critères de sélection rigoureux qui répondent à l’objectif de renforcer la biodiversité, de prévenir les pathologies forestières et de minimiser les risques d’incendie. Nourries par les avancées scientifiques modernes, nos pratiques sylvicoles traditionnelles cherchent à équilibrer impératifs économiques et responsabilités écologiques.
L’impact du changement climatique sur l’économie locale est palpable, particulièrement dans le secteur du bois, vital pour notre région. En réponse, nos méthodes d’exploitation forestière s’adaptent pour soutenir la communauté locale tout en honorant notre engagement envers l’environnement. Les coupes de bois, réalisées de façon responsable, nous permettent de mettre un matériau et une source d’énergie renouvelable sur le marché, soulignant notre rôle dans la promotion de ressources durables. Actuellement, ce secteur évolue en développant une chaîne de valeur qui privilégie l’économie locale. Cette évolution intègre les principes de l’économie circulaire, visant à diminuer l’empreinte carbone ainsi que les dépenses logistiques associées au transport du bois. Favoriser cette tendance est essentiel non seulement pour la pérennité de notre industrie forestière mais aussi pour la préservation des emplois.
Sur un marché du bois parfois saturé, en raison de l’abondance des coupes sanitaires, les scieries locales se voient forcées de réduire leurs tarifs d’achat. Notre capacité à réagir rapidement est fondamentale pour traiter et commercialiser en temps voulu le bois touché par le scolyte, empêchant ainsi la perte de ses qualités mécaniques. Notre réactivité apporte une contribution essentielle à la dynamique de la filière bois locale. Dans cet environnement économique exigeant, notre adaptabilité est déterminante pour préserver l’équilibre des prix et favoriser une gestion plus pérenne du bois local.
Comment le public réagit-il aux coupes de bois dans un contexte de préoccupations croissantes liées au climat et à la prise de conscience de l’importance des forêts ?
Nous faisons face à une agressivité grandissante de la part de personnes qui ne saisissent pas la portée de nos actions. Il existe une idée fausse, mais compréhensible, selon laquelle chaque arbre abattu est un coup porté à l’avenir de notre territoire. Alors que la conscience de l’importance vitale des forêts s’éveille, l’appréciation demeure souvent superficielle. Il est crucial de comprendre que la durabilité est au cœur même de la gestion forestière, pratiquée par nos forestiers. Aujourd’hui, nous mettons en œuvre ce qu’on appelle la futaie irrégulière ou futaie jardinée. Cette technique, directement inspirée de la nature elle-même, permet de préserver l’écosystème en conservant les arbres matures pour la biodiversité, tout en sélectionnant de manière judicieuse ceux destinés à la coupe, sans jamais toucher aux jeunes arbres. Ce processus complexe favorise une croissance forestière diversifiée et des forêts plus résistantes face au changement climatique.
Nous sommes conscients à l’ONF qu’il est impératif d’intensifier les efforts en matière d’éducation et de communication pour démystifier les pratiques sylvicoles. Une compréhension approfondie de la gestion forestière doit être transmise au plus grand nombre. Le public doit comprendre que les méthodes utilisées, comme la futaie irrégulière, découlent d’une réflexion profonde sur la régénération naturelle et l’adaptation aux conditions locales qui répondent le mieux aux défis climatiques. Il est important de partager ces connaissances, notamment à propos des forêts de montagne, afin de faire émerger une vision plus nuancée et réaliste de l’exploitation forestière. Cela favorisera une meilleure appréhension des multiples fonctions de la forêt et de la manière dont elles peuvent coexister en harmonie, poursuivant ainsi un objectif commun de durabilité et de respect de notre environnement. Il est important aussi de se rappeler que la forêt appartient toujours à quelqu’un. L’ONF gère les forêts publiques, qui représentent environ 40% des forêts du Val d’Arly. Les 60% restants appartiennent à des propriétaires privés. La gestion concertée entre les acteurs publics et privés n’est pas évidente car les fonctionnements sont différents. Mais la forêt, dans sa globalité, a tout à gagner à la concertation entre l’ensemble des acteurs.
Quel enjeu te semble-t-il important de mettre en avant pour l’avenir de nos forêts de montagne ?
Pour moi, un des enjeux des forêts de montagne réside dans notre capacité à les vivre plutôt que de les consommer. C’est en investissant autrement ces espaces et en interagissant avec eux que tout se joue. Il ne s’agit pas uniquement de parcourir des sentiers en tant que consommateurs de paysages, mais de devenir de véritables acteurs de leur préservation et de leur évolution.
Accepter que la forêt soit vivante, c’est reconnaître qu’elle n’est pas une carte postale immuable.
Avec mon équipe nous nous répétons régulièrement cette vérité : les forêts n’ont pas besoin de nous, c’est nous qui avons besoin d’elles. L’économie du bois est une nécessité, alors autant qu’elle soit locale, circulaire, qu’elle participe à notre équilibre écologique. Ce sont les abus en tout genre qui sont délétères. Les coupes sélectives que nous opérons à l’ONF sont faites dans une logique de régénération. C’est une dynamique nécessaire et bénéfique lorsqu’elle est bien conduite. Si l’on considère la forêt comme un organisme vivant, chaque intervention, doit être envisagée dans une optique durable. Il s’agit de respecter certains espaces pour qu’ils demeurent sauvages et intacts, tout en gérant d’autres pour prélever ce qui est nécessaire en encourageant la régénération naturelle et la biodiversité. Comme nous l’avons déjà évoqué, près de 40% des forêts du Val d’Arly ne sont pas exploités, indiquant une réelle stratégie de préservation.
En passant d’un usage passif des sentiers forestiers de nos montagne à une compréhension active de l’écosystème forestier, nous avons constaté que les personnes qui participent aux animations organisées en forêt par l’ONF changent souvent de perspective. Cette acculturation est essentielle, non seulement pour les jeunes publics, mais aussi pour les adultes. Il faut réapprendre à connaitre la forêt vraiment dans toutes ses dynamiques.
Les nouvelles générations, éloignées des pratiques forestières de leurs aïeux, doivent retrouver une connexion avec la forêt. Il serait intéressant de proposer que chacun, selon ses capacités, participe aux travaux forestiers. Cela permettrait aux gens de mieux comprendre ce qu’est une forêt conduite et de renouer le lien avec la nature. Au temps de l’affouage, par exemple, chacun pouvait s’organiser pour venir faire son bois dans des parcelles allouées. Cette pratique se perd à cause des trop nombreux accidents car on ne s’improvise par forestier, cela s’apprend et se maîtrise avec le temps. Mais repenser des initiations plus légères aux travaux sylvicoles pourrait être une voie à explorer pour replacer la forêt au centre de nos préoccupations et comprendre qu’elle est nourricière à bien des égards.
Idéalement on pourrait également mieux préserver certaines zones sauvages de l’accès du public, tout en rendant d’autres plus accessibles de manière encore plus réfléchie et pédagogique. À travers ces mesures, nous sensibiliserions sur l’importance de préserver la diversité des espaces forestiers, leur fraîcheur, et leur rôle dans la régulation climatique et les cycles de l’eau. Cela ne doit pas nous empêcher de prélever ce qui nous est nécessaire, à condition de leur faire de manière raisonnée et avec parcimonie.
Dans cette perspective, L’ONF poursuit une mission claire : œuvrer pour que l’avenir de nos montagnes s’inscrive dans une gestion durable et attentive aux équilibres naturels. Nos forêts de montagne transcendent leur rôle de simples arrière-plans ou de chemins traversés ; elles sont les piliers vitaux de notre écosystème qui méritent d’être pleinement compris, valorisés et préservés.
À l’issue de cet entretien, une mosaïque de perspectives se dessine. Marion Laffin considère les forêts non pas comme de simples figurantes de nos paysages alpins, mais bien comme des acteurs majeurs de nos montagnes, indispensables à l’équilibre de notre territoire. À travers son prisme, elle nous incite à reconsidérer nos interactions avec ces bastions de nature. L’accent est mis sur la régénération, la préservation et une exploitation respectueuse. Ainsi se forge l’image d’une forêt nourricière, actrice et créatrice, structurant la trame écologique, économique et culturel du Val d’Arly.
Au-delà de leur contemplation, les forêts se révèlent en tant qu’écosystèmes palpitants, indispensables à la biodiversité, à l’équilibre climatique et à l’essence même de nos moyennes montagnes. Elles sont l’empreinte d’une histoire riche qui les a façonnées. Une gestion perspicace et ingénieuse nous permettrait de pérenniser leurs contributions essentielles, tout en soutenant l’économie locale et en faisant face aux exigences climatiques qui vont être de plus en plus contraignantes.
Dans cette interview, Marion nous convie à une introspection individuelle et collective sur notre véritable compréhension des forêts. Elle appelle à des initiatives plus poussées, dans l’élaboration de parcours éducatifs forestiers qui transformeraient ces lieux en foyers d’apprentissage vivants. L’éducation, la communication et la transmission sont bien l’affaire de tous, des élus aux institutions en passant par les habitants et les acteurs du tourisme. Pour L’ONF, nous devons tous collectivement prendre conscience de ses enjeux. S’en saisir favoriserait une compréhension plus fine du rôle complexe de nos forêts au-delà de tous les services qu’elles nous rendent.
Les intégrer dans la réflexion sur l’évolution nécessaire de nos moyennes montagnes, en plein défis climatiques, signifie repenser des usages réfléchis et harmonieux, dans le respect de l’intégrité d’un héritage à chérir. Il s’agit de créer des espaces d’échanges, de s’éduquer mutuellement et de partager les connaissances. Ces espaces de dialogue pourraient déboucher sur des consensus enrichissants, dépassant les dichotomies entre les défenseurs de l’idéal bucolique et les partisans d’une surexploitation délétère, vers une vision apaisée et durable de nos massifs forestiers.
En somme, Marion nous rappelle que ces forêts, si précieuses pour nos montagnes, exigent de nous une conscience plus aiguisée. Elle nous convie à un engagement actif dans l’appréhension de ces espaces, pour en faire des piliers d’un futur montagnard inclusif et durable. Elle nous invite également à participer à la transformation de ces espaces en protagonistes d’un avenir montagnard que nous sommes tous appelés à co-construire. C’est en embrassant cette implication proactive autour d’usages multiples que nous pourrons non seulement considérer les forêts pour ce qu’elles sont, mais également libérer leur potentiel au sein d’une montagne plus durable qui doit se réinventer.
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Pour mieux connaitre la plus grande tourbière des Alpes, située dans le Val d’Arly : c’est là.