Ce matin de juin 2024, sur les hauteurs de Crest-Voland, une trentaine de personnes s’activent autour des grands chalets de l’Association Saint-Louis. Le silence matinal est ponctué par le bruit des marteaux et les rires discrets, tandis que les bénévoles s’affairent aux dernières finitions avant la réouverture. Les effluves du bois fraîchement scié flottent dans l’air, une odeur familière, presque réconfortante.
Au lieu-dit des Molliettes, la colonie « Saint-Louis » s’apprête à retrouver tout son éclat. Quatre années de réflexion puis de reconstruction ont été nécessaires après l’incendie qui a ravagé le premier chalet, emportant avec lui des décennies de souvenirs. Heureusement, seuls des dégâts matériels sont à déplorer. Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement de rebâtir un bâtiment, mais de raviver un héritage précieux, de continuer à faire vivre une histoire qui appartient à tous.
Des générations entières ont ri, appris et grandi entre ces murs. Devenus adultes, nombreux sont ceux qui reviennent avec leurs propres enfants, perpétuant ainsi cette chaîne intergénérationnelle où les souvenirs d’hier nourrissent les rêves de demain. Depuis plus de soixante-dix ans, ce lieu transcende son simple rôle de colonie de vacances. Il s’impose comme un phare, rayonnant bien au-delà de la montagne, témoin vivant de l’histoire de Crest-Voland et des stations de moyenne altitude.
Au-delà de son riche passé, l’Association s’érige comme une force discrète mais déterminante pour dessiner l’avenir, portant son influence bien au-delà de nos montagnes. Entre alpages et forêts, ces chalets cultivent un terreau fertile d’apprentissage, un modèle de transmission, de solidarité et d’engagement, plus inspirant que jamais dans un monde en quête de repères.
Raconter aujourd’hui l’épopée de l’Association Saint-Louis, c’est remonter les chemins de l’enfance. Chaque colonie, chaque saison passée aux Molliettes, a laissé une empreinte indélébile, tant chez les jeunes que chez ceux qui les ont encadrés. Le village a lui-même prospéré grâce à cette dynamique collective et aux rencontres qu’elle a engendrées. C’est aussi revisiter l’enfance de Crest-Voland et revivre l’épanouissement des petites stations montagnardes, façonnées par ces échanges humains.
Ces chemins de l’enfance portent en eux l’expérience intime de toute une jeunesse qui, au contact de la nature, a appris à connaître les montagnes et à créer des souvenirs durables. Chaque pas, autrefois hésitant, a tracé une carte secrète du cœur. Aujourd’hui, ces mêmes chemins, empruntés par des adultes, serpentent toujours à travers les paysages, guidés par la boussole d’un attachement profond. Et si ces souvenirs d’enfance, comme des étoiles dans la brume des années, éclairaient toujours la route à suivre, reliant le passé et le présent à la manière d’un fil d’Ariane ?
L’histoire d’un rêve partagé
Tout commence en 1953. L’abbé Laplace, un prêtre visionnaire, organise des séjours en tant que locataire dans un vieux chalet d’alpage. Cinq ans plus tard, en 1958, il décide d’acheter cette ferme typique du Val d’Arly pour 7 500 anciens francs (l’équivalent de 11 euros aujourd’hui) auprès d’un agriculteur. Son ambition est simple : offrir à une vingtaine de garçons de Magny-en-Vexin, dans le Val d’Oise, une échappée hors du quotidien pour découvrir la montagne et vivre ensemble dans la fraternité. Pourtant, l’aventure menace de s’arrêter avant même d’avoir commencé. L’abbé est appelé à d’autres missions. Il transmet alors la gestion du projet à quelques paroissiens. Philippe, l’actuel président de l’Association, se souvient : « En 1962, lorsque mon père et quelques autres sont montés pour voir l’état du chalet, ils ont failli renoncer. La ferme, destinée à devenir une colonie, était restée dans son état d’origine. Mais un élan de foi, et peut-être un sens du devoir, les a poussés à continuer. »
Les débuts furent modestes. Quelques lits rudimentaires et une petite cuisine permirent à la Colonie Saint-Louis de recevoir ses premiers jeunes. Rapidement, le lieu devint un espace d’entraide, porté par l’engagement des familles fondatrices. Les moyens étaient limités, mais l’énergie et la volonté de faire vivre ce projet étaient immenses. Thierry et Patrick, fils des pionniers, racontent que leurs parents, « loin d’être des bâtisseurs professionnels, étaient animés par le désir de créer un lieu où les enfants pourraient apprendre à vivre ensemble dans un cadre bienveillant. »
Année après année, la colonie s’agrandit. L’acquisition d’un second chalet en 1962, suivie de l’ajout d’une aile supplémentaire en 1974, permet d’accueillir un plus grand nombre de participants. Le cadre exceptionnel de la montagne offre des opportunités d’apprentissage uniques, enracinant ces nouvelles générations dans le territoire alpin. Cette connexion se renforce encore lorsque la commune leur confie la gestion d’un petit téléski, situé juste devant les chalets. Désormais, les enfants font leurs premiers pas en ski sous l’œil attentif des moniteurs de la station.
Christelle et Caroline, deux sœurs jumelles, arrivées à la colonie à l’âge de 7 ans, se souviennent encore des veillées autour du feu, des randonnées nocturnes sous la neige pour remonter au chalet, ainsi que des moments de liberté leur ayant permis d’apprendre l’autonomie au sein d’une dynamique collective. Pour elles, ces vacances représentent bien plus qu’une escapade : « On vivait des moments simples, mais marquants, qui ont forgé notre jeunesse », confient-elles.
Son développement ne se fait cependant pas sans embûches. Les défis sont nombreux, et l’incendie du premier chalet en est l’un des plus marquants. Pour le reconstruire, l’Association fait appel au talent des entreprises et artisans locaux. Leur savoir-faire et leur connaissance du patrimoine alpin redonnent vie au chalet, tout en respectant l’identité montagnarde. Ce lien fort avec le territoire, tissé à travers les épreuves, permet à la colonie de s’enraciner durablement dans le paysage montagnard, devenant un repère pour des générations d’enfants et de familles. Chaque année, de nouvelles histoires s’écrivent et l’attachement à ce lieu ne cesse de grandir.
La force du bénévolat
La véritable force des « colos » de l’Association Saint-Louis réside dans l’engagement indéfectible de ceux qui en ont fait l’expérience. Si elles ont traversé les décennies, c’est avant tout grâce à la mobilisation active des bénévoles, des familles et des anciens comme des nouveaux colons. L’incendie de 2020, qui a détruit le vieux chalet, met cet esprit collectif à l’épreuve. Pourtant, l’idée d’abandonner n’effleure jamais la « tribu » des Molliettes.
Jeanne, une des directrices actuelles et petite-fille d’un des fondateurs, se souvient :
« Quand le chalet a brûlé, tout le monde s’est senti concerné. Bénévoles, familles, colons, tous se sont immédiatement mobilisés. » Certains ont donné de leur temps, d’autres ont contribué financièrement. Marie, sa sœur, ajoute : « Il ne s’agissait pas seulement de gérer un chantier de reconstruction. Il a fallu se réinventer, puiser dans la diversité de nos ressources humaines et imaginer ensemble de nouveaux possibles pour que l’aventure continue. » Françoise, fille d’un des fondateurs, enchérit : « La véritable richesse des Molliettes réside dans sa capacité à rassembler des personnes de tous horizons, unies par un même projet : offrir aux enfants un cadre propice à leur épanouissement. »
Le rôle des bénévoles ne s’arrête pas là. Ils ne se contentent pas d’entretenir les chalets, de préparer les repas ou d’encadrer les enfants. Au fil des années, ils tissent un réseau de relations solides, forgent des liens de confiance et nourrissent un profond sentiment d’appartenance. Ensemble, ils façonnent un capital social inestimable, véritable moteur de la colonie. Construit sur des échanges sincères et des engagements partagés, ce capital est le secret de la résilience de l’Association.
La polyvalence des tâches permet à chacun de contribuer selon ses compétences, qu’il s’agisse de travaux manuels ou de gestion organisationnelle. Cette flexibilité est cruciale pour maintenir la dynamique. Gwenaëlle, infirmière bénévole depuis 2014, raconte son expérience : « Je suis venue avec mes filles, qui n’étaient pas très enthousiastes au début. Aujourd’hui, elles reviennent chaque année. Le bénévolat, c’est pour nous une façon de tisser des liens, de se sentir vraiment utile et de développer de nouvelles aptitudes. »
Les séjours organisés par l’Association Saint-Louis deviennent un espace où chacun prend soin des autres et où l’on apprend à vivre ensemble, dans le respect des singularités de chacun. Françoise, convaincue de l’importance de cette solidarité, précise : « L’entraide est puissante, imprégnée de cet esprit de la montagne qui nous guide. C’est comme une cordée : la réussite des enfants est toujours soutenue par les adultes. La montagne exige engagement et sincérité. Elle nous confronte au grandiose et au sauvage, tout en nous apprenant à surmonter les fatigues et les hésitations. C’est une source d’inspiration constante pour l’œuvre de l’Association. »
Chaque saison, d’anciens colons reviennent partager leur vécu. Antoine, animateur diplômé, se remémore : « J’ai commencé comme colon, puis animateur, et aujourd’hui je transmets ce que j’ai appris. Encadrer les jeunes et apprendre à gérer un projet collectif, c’est un engagement que je poursuis pendant mes congés. » Ces parcours deviennent de véritables leçons de vie, un héritage humain tissé au fil des générations. Ici, sur les sommets de Crest-Voland, on ne forge pas seulement les colonies de Saint-Louis : on fait société.
La montagne comme école de la vie
Dans les années 1950, les colonies de vacances jouent un rôle clé dans le développement des stations de moyenne altitude comme Crest-Voland. À cette époque, ces villages ne sont pas encore des destinations touristiques prisées. Les Molliettes, comme d’autres lieux d’accueil, offrent aux enfants l’occasion de découvrir la montagne et de « s’oxygéner », comme on le disait alors. Ce premier contact avec la nature crée un lien profond et durable entre les générations montantes et le territoire, contribuant, au fil des années, à l’essor économique de la station.
L’atmosphère unique de ces séjours résonne encore dans les témoignages des anciens colons et bénévoles. Agnès, surnommée « Poupougne », ancienne directrice, se souvient avec émotion : « En 1979, je ne connaissais pas la montagne. Dès que je suis descendue du car, l’air frais de Crest-Voland m’a saisie. C’était comme une bouffée de pureté. Cet endroit est vite devenu ma deuxième maison. »
On imagine aisément les premiers pas dans l’herbe, le soleil illuminant les chalets en bois, et les rires des enfants résonnant dans la vallée, découvrant pour la première fois la splendeur des Alpes. À chaque séjour, les participants et leurs encadrants insufflent une nouvelle énergie à la région, créant une dynamique qui dépasse largement les saisons d’été ou d’hiver.
Dans les années 1970, le Val d’Arly compte plus d’une trentaine de sites dédiés aux colonies de vacances. Cette présence massive contribue fortement au développement local. Les commerces et les fermes s’organisent pour accueillir les jeunes, leur offrant des expériences authentiques.
Évoquer les Molliettes aujourd’hui, c’est aussi se souvenir de moments inoubliables. Avant l’arrivée des machines à laver, tout le monde – enfants et encadrants – descendait à la rivière du Nant Rouge pour laver le linge une ou deux fois par semaine. Claire, autrefois animatrice, se rappelle en riant : « Les plus petits, peu habitués, laissaient souvent échapper leurs vêtements dans l’eau. C’était un vrai spectacle ! On voyait des chaussettes, des tee-shirts flotter dans le courant, et tout le monde essayait de les rattraper avant qu’ils ne dérivent comme des poissons dans les flots. »
Thierry, ancien colon, évoque encore avec nostalgie : « le bruit des sabots dans les écuries, la fraîcheur de l’eau de la rivière où l’on se baignait… Aller chercher le lait à la ferme ou assister à la traite manuelle des vaches, c’était magique pour des citadins comme nous. Ces moments sont gravés à jamais. » Chaque activité plongeait les enfants dans la culture locale, renforçant leur attachement à la montagne, à ses habitants et à leurs traditions.
Les « colos » jouent aussi un rôle stratégique dans le développement du territoire en fidélisant les jeunes générations. Marqués par leurs séjours, ces enfants reviennent adultes, souvent avec leurs propres familles, pour partager ces souvenirs précieux. Ces anciens colons sont devenus les premiers ambassadeurs de Crest-Voland, contribuant ainsi à la renommée et au succès de la station de montagne. En revenant année après année, et en créant un lien fort avec le village, ils participent activement à son essor.
La rencontre avec l’AOJE d’Ennery
Pourtant à la fin des années 90, l’intérêt pour les colonies de vacances commence à s’effriter, et celles en montagne ne font pas exception. Philippe, alors administrateur de l’Association Saint-Louis, et son conseil d’administration font face à une situation complexe : « Dans les années 70, Crest-Voland comptait plus d’une dizaine de colonies comme la Gélinotte, les Bérets Verts, Chanteneige, Paravy et d’autres encore. En 2000, il n’en reste presque plus. »
Progressivement, les séjours autrefois fondés sur la convivialité et les valeurs humaines changent de visage. Ils se transforment désormais en terrains de compétition, où il faut sans cesse offrir davantage de prestations. La philosophie de l’éducation populaire recule, remplacée par une logique de course aux appels d’offres. Les associations, autrefois porteuses d’idéaux de partage, doivent réinventer leur modèle pour subsister.
De nouveaux acteurs privés apparaissent et redéfinissent le paysage. Ils proposent des séjours thématiques ultra-spécialisés, souvent inaccessibles à de nombreuses familles à cause de tarifs élevés. À cela s’ajoutent des normes de sécurité toujours plus strictes, obligeant les centres à réaliser d’importants investissements. De nombreuses colonies, incapables de s’adapter, ferment définitivement leurs portes.
Parallèlement, les soutiens publics, autrefois indispensables, se réduisent, fragilisant davantage ces structures. Les colonies de vacances, jadis foyers de la jeunesse, vacillent. L’idéal de transmission qui animait ces lieux s’efface, et ceux qui y croyaient luttent pour continuer, parfois au prix de leurs valeurs profondes.
En 2002, l’Association Saint-Louis atteint un tournant critique. Le désengagement de l’Église, la baisse de fréquentation et les coûts d’entretien pèsent lourdement. Philippe évoque alors cette période difficile : « Nous étions confrontés à de nombreuses incertitudes. Vendre les chalets semblait être une option de plus en plus envisageable. »
C’est à ce moment-là qu’une rencontre salvatrice se produit. L’AOJE d’Ennery, une association laïque fondée en 1966 par un autre prêtre, l’abbé Louis Marécal, entre en scène. Francisco, l’un des responsables, revient sur ce moment marquant : « Nous organisions des colonies au bord de la mer. Puis, nous avons perdu notre lieu de séjour. La montagne, c’était une première pour nous. Cette collaboration avec l’Association Saint-Louis a insufflé un nouvel élan à nos deux projets. Vingt ans plus tard, nous sommes toujours ensemble. »
Depuis cette union, l’AOJE prend en charge les séjours de juillet et une semaine d’hiver, insufflant une nouvelle dynamique à la colonie des Molliettes. Grâce à ce partenariat, les deux structures attirent de nouveaux publics tout en restant fidèles à leurs valeurs de solidarité et d’éducation. Cette collaboration permet à l’Association Saint-Louis de se réinventer et de se maintenir dans un contexte où tant d’autres ont disparu.
Un modèle d’avenir
Après des décennies de retrait, les pouvoirs publics ont récemment pris conscience de l’importance des colonies de vacances pour la transition écologique et sociale des zones montagnardes. La Région Auvergne Rhône-Alpes et le Département de la Savoie ont apporté un soutien enthousiaste à la reconstruction du chalet incendié, couvrant 30% des coûts. En effet, ces séjours offrent bien plus qu’une simple escapade : ils permettent aux jeunes de se connecter profondément aux territoires alpins et de s’ancrer dans ces paysages préservés. Comme le soulignent Françoise et son mari Bernard : « Faire découvrir la montagne aux enfants, c’est leur offrir une invitation à y revenir, encore et encore, tout au long de leur vie. »
En contrepartie de ce soutien, la Région a demandé à l’Association d’étendre ses activités sur une période plus large de l’année. Malgré la reconstruction en cours, la Colonie Saint-Louis n’a jamais cessé d’innover. Grâce aux tentes géantes et aux structures temporaires, les séjours ont pu se poursuivre, même durant la crise du Covid, démontrant la détermination de ce que l’on peut presque considérer comme une institution locale.
« Les camps de neige » organisés aux Molliettes depuis 1968 prennent aujourd’hui un nouvel élan. Tout en conservant une place centrale pour le ski, ils s’ouvrent également à de nouvelles activités. Comme l’explique Jeanne : « Le ski reste au cœur de nos séjours, mais nous préparons aussi l’avenir avec d’autres pratiques. » Des activités comme le ski de fond ou la randonnée en raquettes, plus respectueuses de l’environnement, offrent une autre manière de découvrir la montagne. Une expérience plus immersive, loin des pistes bondées.
Le rayonnement de l’Association dépasse maintenant les sentiers de Crest-Voland. Une récente collaboration avec l’école FERRANDI, référence en gastronomie, a vu le jour grâce à un ancien colon devenu professeur. Il a organisé plusieurs séjours aux Molliettes pour ses étudiants, mêlant savoir-faire culinaire et pratiques des sports de montagne. Philippe voit en cette initiative une façon de créer des interactions inédites : « Il s’agissait de bâtir un pont entre la gastronomie et l’environnement alpin. » Ce projet ne profite pas seulement aux élèves. Il tisse aussi des liens avec le territoire.
Le club sportif de la Banque de France a également choisi les chalets de la colonie Saint-Louis pour organiser des séjours pour ses jeunes athlètes. Cela illustre la diversité des publics que ce lieu peut attirer. Qui sait combien d’entre eux, séduits par cette expérience, reviendront peut-être un jour s’établir dans la région ? Ces initiatives montrent la capacité de l’Association à se réinventer, tout en ouvrant les portes de ce coin préservé de Savoie à des visiteurs inattendus.
L’Association Saint-Louis ne s’arrête pas là. Elle organise aussi des colonies « apprenantes » pour les enfants en difficulté scolaire. Ces séjours leur offrent un espace bienveillant et rassurant. Ils permettent aux enfants de retrouver confiance en eux, tout en s’imprégnant de la sérénité des montagnes. Pour Christelle, « les enfants apprennent autrement, au rythme de la nature. » Le programme, qui mêle soutien scolaire et activités de plein air, permet à nombre d’entre eux de renouer avec l’apprentissage dans un cadre apaisant et valorisant.
Depuis des années, l’Association collabore également avec les « Apprentis d’Auteuil », une organisation dédiée aux jeunes en difficulté. Pour ces adolescents, souvent confrontés à une discipline stricte en foyer, l’accueil chaleureux des bénévoles des Molliettes apporte un souffle de réconfort. Philippe ajoute : « Ils découvrent une nouvelle forme de bienveillance et d’entraide. Ces moments de fraternité créent des liens forts, bouleversant souvent leur vision du monde. »
Aujourd’hui, plus que jamais, les séjours aux Molliettes demeurent fidèles à leur vocation première : éduquer, transmettre et offrir aux jeunes un véritable espace de découverte, loin des diktats du consumérisme. Ces moments de vie ne se limitent pas à un simple modèle pédagogique. Ils forment des citoyens conscients, respectueux et profondément connectés à leur environnement.
Alors que le soleil disparaît derrière les pentes de Crest-Voland, une douce tranquillité envahit le lieu-dit des Molliettes. Les chalets rénovés s’apprêtent à accueillir une nouvelle génération d’enfants, âgés de 6 à 17 ans. Une énergie particulière flotte dans l’air, comme un espoir. Ce lieu, riche d’histoires et de souvenirs, va de nouveau résonner de rires, de chants autour du feu et d’aventures gravées à jamais dans les mémoires. Ici, les voix du présent se mêlent à celles du passé, dans un écho infini, résonnant chez ceux qui, d’enfants, sont devenus adultes.
Les nouveaux colons marcheront sur les mêmes chemins de l’enfance que leurs aînés, inscrivant à leur tour de nouvelles empreintes sur ces sentiers, comme autant de cartes secrètes du cœur. Ils découvriront un environnement sauvage, un monde authentique et se forgeront des souvenirs qui les suivront toute leur vie, comme des alliés invisibles.
Si les colonies de l’Association Saint-Louis et de ses partenaires continuent de faire rayonner Crest-Voland, c’est parce qu’elles offrent des expériences profondément humaines. Ici, au cœur du Val d’Arly, les jeunes découvrent la majesté des montagnes tout en se connectant à la richesse de ce territoire préservé de Savoie. Un endroit où la nature est respectée et où l’essentiel est transmis.
Ce site a traversé les décennies, résistant aux aléas du temps, porté par la qualité des relations humaines. Les séjours ont vu éclore une communauté de bénévoles toujours plus solidaire. Ici, la convivialité n’est pas un concept abstrait : elle constitue le socle du « vivre ensemble » et insuffle toute sa force à l’expérience vécue. Si la foi chrétienne inspire certaines valeurs, l’Association Saint-Louis est avant tout un espace de vie collective, fondé sur le dialogue, la démocratie participative et la diversité sociale.
L’Association n’a jamais cédé aux exigences du marché. Elle est restée fidèle à son essence. Elle cultive des séjours où la véritable richesse réside dans la délicatesse des liens tissés et l’épanouissement des enfants. Cette bienveillance touche les parents. Lorsqu’ils confient leurs enfants, ils attendent bien plus qu’une surveillance. Ils recherchent un havre de douceur, un lieu où des adultes dévoués construisent des relations de confiance, durables, avec les jeunes et leurs familles. Chaque sourire partagé, chaque main tendue devient une promesse. Une promesse d’un avenir où chaque enfant grandit, porté par un réseau de soutien bienveillant.
Mais l’Association Saint-Louis et ses chalets des Molliettes nous rappellent une autre réalité : celle de l’avenir de nos montagnes. En reconnectant les enfants à la nature, à l’esprit de solidarité et à la simplicité de la vie montagnarde, ces séjours prouvent qu’un développement durable et respectueux est possible. Ici, la montagne n’est pas un simple produit à consommer, mais un espace de transmission, d’épanouissement et d’inspiration pour les générations à venir.
Nul doute qu’en puisant dans l’esprit et la résilience de la colonie Saint-Louis à Crest-Voland, et en continuant de tracer ces chemins pour l’enfance, nous trouverons des réponses essentielles pour la transition de nos territoires alpins.
C’est amusant comme certaines histoires naissent au détour de nos vies ordinaires. Pour moi, l’envie d’écrire cet article est née grâce à mes voisins, Françoise et Bernard. Ils habitent juste à côté, et pendant des mois, je les ai observés partir tôt le matin, rentrer tard le soir, sans jamais s’arrêter. Toujours en mouvement, des allers-retours incessants, comme s’ils étaient animés par une force secrète. Intriguée, je me suis demandé ce qui pouvait bien les mobiliser ainsi.
C’est en cherchant des réponses que je suis entrée dans l’histoire de la colonie Saint-Louis. Un projet enraciné dans l’engagement pour l’enfance, mais aussi dans une partie essentielle de l’histoire de Crest-Voland et des stations de moyennes altitudes. J’ai découvert des décennies de dévouement, d’amour pour les jeunes, et surtout, la volonté inébranlable de construire quelque chose de plus grand que soi.
Je tiens à saluer chaleureusement Françoise, Bernard, mais aussi tous les bénévoles – jeunes et moins jeunes – qui m’ont accordé un peu de leur temps, de leur énergie, et de leur passion. Grâce à eux, j’ai pu plonger dans l’âme de cette aventure humaine, et essayer de vous en partager quelques échos. Un immense merci à Philippe, Michel, Marie, Claire, Thierry, Patrick, Gwenaëlle, Francisco, Antoine, Christelle, Pascal, Bénédicte, Jeanne, Jean-Pierre, Caroline, Agnès, Ludovic, Didier, Benji, Fred ,Hélène, et Marie Jo. Vous m’avez révélé la carte secrète du cœur, celle tracée par les souvenirs d’enfance qui nous façonnent à jamais, et qui guide les grandes œuvres, faisant résonner en nous la force de l’engagement partagé.
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